Mes enfantements

Bonjour chères lectrices et chers lecteurs,

Cet article est le témoignage de l'évolution d'une maman à travers sa maternité et plus précisément à travers ses 3 enfantements. J'y explique comment ces événements ont donc fait naître une vocation : devenir Doula.

J’aurais pu intituler cet article « Comment je suis devenue maman de trois façons différentes ».

Au début, il y a nous deux, mon mari Meven et moi.

Nous avons travaillé ensemble auprès de Grands Singes. Nous avons été témoins de beaux accouchements autonomes et naturels de mammifères. Nous avons parmi nos amis, des personnes formidables qui ont apporté leur savoir aux parents que nous sommes devenus.


Mon premier enfantement en clinique / maison de naissance.


Pour mon premier enfantement, j'avais déjà des souhaits physiologiques : éviter la péridurale et allaiter. Je me suis informée auprès d'une amie qui avait réussi deux allaitements.

J'ai suivi des cours de préparation à l'accouchement avec une sage femme qui pratique les AAD (Accouchements A Domicile). Cette femme à été un réel coup de cœur, elle a d'ailleurs influencé tout le reste de mon chemin de mère.

J'étais donc déterminée à ne pas avoir de péridurale et à faire mon travail en mouvement (debout, avec un ballon, etc.). Mais tout ne se passe pas toujours comme on le souhaite.

Une nuit à 35 + 5 SA (Semaines d'Aménorrhées ), ma poche des eaux s'est rompue. Meven et moi nous sommes rendus à la maternité à 2h du matin, calmement. En arrivant nous avons emprunté les escaliers, ( conseil de ma sage-femme lors des cours de préparation ). La sage femme de la maternité nous cherchait, elle nous attendait aux ascenseurs (souvenir sans importance pour le déroulé de l'accouchement mais important pour nous puisque nous en avons ri).

Après un premier examen, mon col étais déjà dilaté à 4, les contractions n'avaient pas encore commencé. Le sage-femme avait accueilli notre projet de naissance sans problème. Cette nuit là, nous étions le seul couple présent, l’atmosphère était calme, dans une pénombre rassurante. Les contractions ont commencé et se sont rapidement intensifiées. Je hurlais que j'allais mourir et priait Meven de faire quelque chose (comme si c'était possible ;) ). Je prenais alors la décision d’accepter la péridurale, le sage-femme m'avait gentiment dit qu'il n'était pas étonné puisque les contractions sans poche des eaux sont beaucoup plus intenses et que nous étions en pleine nuit, donc pas totalement reposés. Mon travail s'étant déclenché à 35 SA, je n'avais pas eu le temps de rencontrer l'anesthésiste. Aucun problème, celui-ci est arrivé rapidement et a calmement fait son travail. Personne n'a demandé à Meven de sortir, il a donc pu rester avec moi pour la mise en place de la péridurale. Celle-ci a été un réel soulagement, même si aujourd'hui encore je suis choquée d'avoir dormi tout le reste de la nuit. Il était 8h, en octobre, le jour se levait, le changement de service était en cours. La sage femme qui a pris le relais, je l’avais déjà rencontrée, elle m’avait été conseillée pour le suivi à la maternité. Ce fut un bonheur absolu de la revoir.

Après la péridurale.

Totalement détendue. Quand j’y repense c’est totalement aberrent.

La joie de la retrouver a coïncider avec une dilatation complète. La péridurale faisait toujours effet. Nous avons laissé bébé descendre sans que je ressente trop les contractions. Vers 9h30, il était en bas. La sage-femme s'est installée, nous avons mis de la musique, et dans un calme total, comme je sentais à peine les contractions, elle a guidé mes actions. A 10h, Axel était là, soit 8h après que la poche des eaux s'est rompue.

Mon premier bébé.

Je l’ai fait, on l’a fait.

Je n'ai pas de souvenir sur la délivrance, mais par contre je sais que je n'ai même pas eu une déchirure.

Cet accouchement à été médicalisé, mais tellement respecté, j'en garde un merveilleux souvenir.


Mon deuxième enfantement : animal à l’hôpital.


Après la naissance de notre premier bébé, nous avons déménagé pour habiter dans une autre région. Il fallait recommencer la prise de contact avec les sage-femmes, en maternité ou en hôpital de proximité.

Pour cette deuxième grossesse, deux ans et demi plus tard, je m'étais plus informée, déterminée à vivre un accouchement physiologique. La maternité la plus proche était de niveau 1 (petite maternité, peu d'accouchement ). Les équipes étaient très ouvertes à notre projet. Ma nouvelle sage-femme libérale, qui suivait ma grossesse, faisait ses gardes dans cette maternité, nous pouvions donc échanger sur notre projet. Elle confirmait que tout ce que nous voulions à cet instant était envisageable. Seul bémol, je ne pourrais enfanter au sein de cette maternité qu'à partir de 36 SA car ils ne disposaient pas de service de néonatalogie.

Pendant ma grossesse j’ai lu l'excellent livre d'Ina May Gaskin : Le Guide de la naissance naturelle. Une importante source d'informations qui nous a permis de réaliser un projet de naissance respectant nos désirs du moment. Meven savait tout ce que je voulais, il s'interposerait si les sages-femmes outrepassaient leurs droits ou si nos souhaits n’étaient pas respectés. Impliquer mon conjoint était pour moi primordiale.

A la 3ème échographie (vers 32 SA) mon col était déjà ouvert à 1. Il commençait à se ramollir. Ma précédente grossesse ayant été interrompue prématurément à 35 SA de manière spontanée on m'a recommandé de rester au calme. J'ai croisé les jambes jusqu'à 36 SA ;) .

A 36 + 1 SA, 9h du matin, la poche des eaux s'est rompue. Les contractions sont arrivées rapidement et sont vite devenues régulières. Vu la rapidité du précédent enfantement, nous avons décidé de nous rendre à l’hôpital avec Axel faute de solutions pour le faire garder. Meven restait avec lui. L'examen d'entrée à l’Hôpital a eu pour effet de stopper le travail. Comme la poche des eaux était rompue nous sommes restés à l’hôpital. J'ai accepté qu'on me pose un cathéter. Les sages-femmes étaient au courant que je n'accepterai pas n'importe quel produit. Encore une fois, nous étions les seuls dans le service à ce moment là. Nous sommes allés nous installer en chambre, ma famille est arrivée pour s'occuper d'Axel. Les contractions ont repris et se sont intensifiées. Pour calmer celles-ci, je suis allée prendre une douche qui m'a fait énormément de bien. En en sortant les contractions ont repris de plus belles et sont devenues très puissantes.

Après la douche.

Axel partait manger avec ma famille. A peine arrivés sur le parking qu’ils m’entendaient rugir comme un lion par la fenêtre ;)

Impossible de juger l'avancement du travail. Je n'arrivais pas à rester allongée pour permettre l'examen du col. J'ai dis à la sage-femme que je n'allais pas y arriver, elle m'a réconfortée et remotivée. J'étais en « phase de désespérance ». Je commençais à hurler de douleur. Il était environ 13h. Nous étions toujours dans la chambre, et j'ai alors senti que le bébé poussait, les sages-femmes n'y croyaient pas (j’étais estimée à 5 à peine 15 min avant). Constatant mon état, elles m'ont transférées en fauteuil roulant en salle de naissance. Meven marchait à reculons devant moi, je ne pouvais pas lui lâcher les mains. A partir de ce moment, la Nature à pris le contrôle, voilà ce dont je me souviens : Les sages-femmes ont essayé de s'installer, de m'installer, de me parler, je ne comprenais rien. Je n'arrivais pas à monter sur la table de travail. Tant bien que mal, j’y suis parvenue, à quatre pattes. Elles m'ont donné un masque de gaz analgésique. Meven était au niveau de ma tête, J'ai hurlé comme un animal. J'ai poussé, elles m'ont dit de ne pas pousser, mais j'ai poussé ; plutôt mon corps a poussé, c'était le réflexe de poussée, j'ai senti une brûlure dans mon vagin, c'était « le cercle de feu ». Mon bébé arrivait, toute seule. Ianna est née à 13h30.

Le cordon à été coupé rapidement, mon placenta à été expulsé sans ocytocine de synthèse mais je n'ai pas pu le garder.

C'était mon plus bel accouchement. J'étais dans un autre monde. Mon corps a su faire tout seul.


Mon troisième enfantement : à domicile


Après cette magnifique expérience, j’ai commençé à m'intéresser au métier de Doula, ces femmes qui accompagnent d'autres femmes, celles qui se mettent à leurs services pour leur fournir ce dont elles ont besoin : de l'information, de l’écoute, des massages, du soutien……

Puis j’écoute un podcast d'une personne décrivant le même cheminement que moi. Je participe à un séminaire où je rencontre Michel Odent et Liliana Lammers, des pionniers en matière d'accouchements naturels.


Arrive cette 3ème grossesse, que je vivrai en pleine conscience. Mes souhaits étaient plus poussés que pour la précédente. J'en ai choisi le suivi. Pour cet enfantement, je voulais être à la maison. Je savais que c'était difficile de trouver une sage-femme AAD. Je commençais à me persuader qu'il faudrait que j’enfante seule, aux côtés de mon époux et de mes enfants, en accouchement libre et autonome. Puis j’ai entendu parler d'une sage-femme à 1h de la maison. Après nous avoir rencontrés, elle a accepté de nous suivre. J'ai persévéré, j’ai continué mes lectures, le visionnage de documentaires, j'ai échangé avec ma première sage-femme. J'étais prête.

Ma nouvelle sage-femme travaillait avec une Doula dont je n'avais pas envisagé la présence. Mon bon niveau d'informations et même l'implication de Meven m’avaient paru suffisant. Sa présence lors de la naissance fut un véritable confort.

Pour un AAD, l’usage est d’être inscrits à la maternité la plus proche, pour assurer un transfert urgent, par exemple en cas de déclenchement du travail avant 37 SA ou lors d'un travail trop long avec une détresse fœtale. J'ai d'abord songé à la même maternité que pour Ianna où mon projet d'AAD avait été très bien accueilli. Mais cette maternité n'étant pas située dans le même département que notre domicile, j’ai dû m'inscrire à la maternité de type 2 de notre département. Je n'y ai eu qu'un seul rendez-vous, qui a été une catastrophe. A la question : « Mais pourquoi vous ne voulez pas accoucher dans un hôpital ? » était la seule réponse à mon projet. Je m'y suis sentie tellement mal. Une véritable usine. J'ai cependant été obligée de m'y inscrire pour parer aux prises en charge d'urgence.

En parallèle, j'ai préparé mon projet de naissance, très détaillé.

A la différence des deux premières, cette grossesses s’est éternisée. L'attente a été très compliquée à gérer psychologiquement. Je ne comprenais pas pourquoi mon corps ne se comportait pas comme lors des deux premières. Les semaines passaient, je scrutais la moindre contraction, je bougeais, je mobilisais mon bassin. Puis un matin à 39 + 2 les contractions ont débuté, vers 5h. Celles-ci étaient différentes des jours précédents, elles se sont rapidement intensifiées. Dès 7h j'ai appelé la sage-femme et la Doula, assez tôt car elles avaient 1h de route. J'ai installé mon Autel de Naissance, composé de petites attentions par les femmes que je voulais à mes côtés pour ce passage. Ces femmes qui croyaient en La Nature, qui croyaient en moi, en ma puissance. Les contractions sont devenues régulières et de plus en plus fortes. Meven a emmené les grands chez la nounou. Moi j'alternais entre l'écharpe suspendue, le ballon et le 4 pattes.

Mon Autel de Naissance

Pour créer mon atmosphère à moi, entourée des délicates attentions de mes proches.

La sage-femme et la Doula sont arrivées en même temps vers 8h, j'étais déjà en train de crier. La Phase de Désespérance était là. La sage-femme a fait un monito pour vérifier l'état de bébé. Je me suis installée comme je pouvais sur le lit, accompagnée par ces deux femmes, la position choisie sera encore le 4 pattes. Les contractions étaient très difficiles à vivre. Je poussais pour que bébé sorte. Puis il est arrivé, ce bébé dont nous ne connaissions pas le sexe. Une petite fille, Lucie :) Elle est arrivée, dans notre chambre, sur notre lit, avec Meven à mes côtés. Et là, quel confort d'être chez soi avec une Doula.

Le chauffage a été allumé tout de suite. On a attendu calmement le placenta. La rencontre était douce. On a attendu calmement le placenta. Il est sorti, nous l'avons observé longuement, et nous avons attendu avant de clamper le cordon. L'ambiance était chaleureuse, en petit comité, dans la pénombre et la chaleur, c'était si doux.

La doula m'a aidée à prendre une douche, elle a refait mon lit et m’y a installée confortablement pour profiter à fond de mon bébé en peau à peau.

Aujourd'hui je m'estime chanceuse d'avoir vécu ces accouchements. En échangeant avec plusieurs personnes je m’aperçois que j'ai provoquée ma chance, en me renseignant, en me documentant, en conversant avec le personnel médical. J'ai eu la chance d'avoir des accouchements à des moments d'accalmies dans les services, mais tout le monde devrait avoir la possibilité d'avoir du personnel disponible pour soi .

Pour réussir mes accouchements, j'ai été accompagnée de personnes qui m'ont écoutées, soutenues, ce qui change tout.

A la naissance de Ianna, j'ai commencé à m’intéresser au métier de doula, aujourd'hui je ne cesse de me former.

Je suis doula, votre doula pour redonner toute la puissance aux femmes.


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Portage physiologique et non physiologique.